Les Projets de Recherche
Rémi LENOIR
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Logiques de l'institution familiale et catégories sociales
S. Bouhedja, R. Lenoir, P. Pargamin
(Centre de sociologie européenne -EHESS- CNRS)
L'objectif du traitement statistique que nous nous proposons d'effectuer vise à établir avec le maximum d'exactitude que permettent d'atteindre les grandes enquêtes "familles" de l'INSEE, quelles sont les catégories sociales concernées par ce que certains appellent "la crise de l'institution familiale". Si les études sur les multiples facettes des transformations de la famille (formation, calendrier des naissances, dissolution) sont nombreuses, on ne dispose pas, à notre connaissance, de données suffisantes sur ces évolutions selon des variables qui, d'un point de vue sociologique, pourraient en rendre compte : CSP des parents, voire des grands-parents, niveau culturel et scolaire des pères et mères, localisation des membres de la famille, état matrimonial des parents, etc.
Les études, le plus souvent par entretiens, mettent au jour des conduites familiales différentes selon les catégories sociales, s'agissant notamment des modalités des séparations, de la garde des enfants, des relations avec les beaux-enfants, etc. Plus rares sont encore celles qui portent sur les relations entre ces comportements et les transformations économiques, culturelles et sociales intervenues depuis plus de trente ans et qu'on cherche à préciser par ailleurs. De sorte que la "crise de l'institution familiale" pourrait être la retraduction, dans ce qui est considéré comme la sphère familiale, de changements qui trouvent leur principe dans l'évolution du monde social et des relations entre les groupes sociaux qui lui sont liés.
S'il en est ainsi, on peut s'interroger sur les fondements sociaux et politiques des analyses et des discours qui s'appuient sur ces dernières. C'est dire que la demande de l'équipe des chercheurs du CSE s'inscrit dans une problématique plus vaste que celle qui est, en général, circonscrite dans les enquêtes sur la famille. Ce travail suppose en un premier temps de s'interroger sur le taux de non-réponses, globalement relativement important (20%), mais qui doit varier selon les circonscriptions géographiques et les propriétés sociales des enquêtés. Sans doute l'attitude face à l'enquête "famille", dont le refus de répondre est un indicateur, fait partie du rapport que ces derniers entretiennent à l'investigation statistique mais aussi peut-être à la famille telle qu'elle est définie dans le questionnaire. Cette première exploitation des données -qui est un préalable, ne serait-ce que pour opérer adéquatement les redressements- s'inscrit dans un travail plus vaste sur les stratégies de reclassement des différents groupes sociaux face à la concurrence de plus en plus vive devant l'emploi en général et les formes d'emploi les plus rémunérateurs et les mieux assurés.
L’utilisation de l’enquête Etude de l’Histoire Familiale vise donc à restituer et à relativiser les résultats d’un ensemble de travaux réalisés par le Centre de Sociologie Européenne depuis trente ans sur l’évolution des formes de travail, l’allongement des études et les transformations apparentes de structures sinon familiales du moins des relations familiales.