Les Projets de Recherche
François CHEVALIER
WEB officiel | Pages Personnelles | |
INSEE |
Suivi de l’exploitation de l’enquête Famille réalisée à l’Ile de la Réunion (1997)
Travail poursuivi à partir de 2002 par Jean-Marc Lardoux
Transmission du créole à La Réunion
Avec Lallement Aurélie (Université de la Réunion)
Le créole reste la langue la plus parlée à la Réunion puisqu’elle est pratiquée dans les deux tiers des familles. Cependant, elle cède peu à peu du terrain devant le français : ainsi une femme sur cinq, à qui ses parents parlaient créole, ne le parle plus avec ses enfants.
La pratique habituelle du français entre mère et enfant est de plus en plus fréquente à mesure que le niveau d’étude des mères augmente. Elle passe ainsi de 9 % chez les femmes n’ayant fréquenté que l’école primaire à 88 % chez les bachelières. Les femmes qui ont fréquenté le lycée sans obtenir le bac se répartissent par moitié entre la pratique du créole et celle du français. L’accès croissant des femmes au marché du travail est également un facteur d’abandon du créole. Une majorité des femmes qui travaillent parlent encore créole avec leurs enfants, mais elles parlent déjà deux fois plus souvent le français que les femmes inactives.
Les séjours à l’extérieur de l’île et les mariages mixtes sont aussi des facteurs poussant à une moindre transmission du créole.
La pratique du créole augmente au fur et à mesure que l’on descend l’échelle sociale. De 12 % quand la mère exerce une profession d’encadrement à 84 % chez les ouvrières. les employées, qui représentent plus de la moitié des femmes actives, sont à la croisée des chemins puisqu’un peu plus de la moitié d’entre elles (58 %) parlent créole avec leurs enfants.
Le phénomène de diglossie reste ainsi très présent à la Réunion et pose le problème de l’enseignement du créole à l’école.
Structures familiales à La Réunion
La famille à deux ou trois enfants est aujourd’hui un idéal largement répandu. Pour la moitié des femmes interrogées, le nombre idéal d’enfants est deux, seulement une sur quatre se prononce pour trois enfants. Pour ce qui est de la répartition entre garçons et filles 40 % des femmes n’expriment aucune préférence ; tandis que 32 % se prononcent pour " un garçon et une fille ".
Pour les femmes nées dans les années cinquante et soixante l’idéal est plutôt la famille de trois enfants ; les générations plus jeunes préfèrent avoir deux enfants. Il se trouve que le nombre moyen d’enfants par femme constaté est voisin du nombre moyen d’enfants souhaité. Cependant la taille des familles réelles est plus dispersée que les souhaits exprimés. Des raisons physiologiques, des ruptures d’unions ou d’autres circonstances peuvent limiter la descendance des femmes. Ainsi, 9 % des femmes nées dans les années soixante n’ont pas eu d’enfants. Inversement les familles de trois et quatre enfants sont plus nombreuses que les souhaits exprimés par les femmes de cette génération.
La réduction dans le temps de la taille des familles s’est d’abord faite par la diminution des naissances non programmées. Elle est maintenant surtout due au fléchissement des naissances souhaitées. Les naissances non désirées ont toujours été assez peu nombreuses. aujourd’hui seulement 5 % des femmes souhaitent avoir beaucoup d’enfants, c’est à dire quatre ou cinq. Leur motivation est d’ordre affectif dans la plupart des cas.