Les Projets de Recherche

Isabelle DELAUNAY-BERDAI  

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EHESS

 

La rupture du couple par le décès précoce du conjoint et ses conséquences économiques, juridiques et sociales

Les familles devenues monoparentales à la suite de la rupture du couple par décès précoce sont laissées pour compte des politiques sociales en France. Seuls les conjoints mariés peuvent prétendre au bénéfice de prestations soumises, le plus souvent, à des conditions d’âge, de ressources et de situation de famille. Les concubins en sont exclus la plupart du temps, les personnes seules sans enfant également. Depuis l’émergence d’une monoparentalité liée aux divorces et aux séparations, les familles monoparentales dans lesquelles la personne de référence est veuve ont pratiquement disparu des données statistiques. Quant aux politiques sociales, elles ont, au fil des ans, banalisé et exclu de leur champ la majorité de ces familles.

Souvent assimilé à une situation de monoparentalité comme une autre, banalisé, le veuvage précoce représente cependant une rupture du couple spécifique, par décès. Ses répercussions économiques et sociales sont-elles différentes de celles de la rupture du couple par séparation ou divorce ?

Je me propose, dans le cadre de ma thèse, d’exploiter l’Enquête Famille pour :

 

Mesurer la fréquence de la rupture du couple par décès précoce

Les statistiques publiées par l’INSEE laissent apparaître, qu’en proportion, la rupture du couple par décès précoce a beaucoup régressé depuis 1968. Elle ne représente plus qu’un cinquième des situations de monoparentalité en 1990, contre plus de la moitié en 1968 (INSEE, Les Familles monoparentales, série Contours et Caractères). Or, en chiffres absolus, le décès précoce a peu régressé et représente une constante dans la population française. L’Enquête Famille nous permettra de vérifier cette hypothèse ;

 

Mesurer l’impact et les carences des dispositifs sociaux du régime de base de la sécurité sociale et des régimes de retraite complémentaires

Il s’agit dans notre étude de dégager, dans l’Enquête Famille, les caractéristiques socio-démographiques de ces familles du point de vue du conjoint survivant : qu’il ait été marié, en concubinage, avec ou sans enfants issus du couple. Cette recherche est limitée aux personnes âgées de moins de 60 ans, âge auquel interviennent au plus tard les différents dispositifs en faveur des conjoints survivants. Je souhaite mesurer l’efficacité et les lacunes de la protection sociale en évaluant le profil des conjoints survivants aux différents âges et en fonction des différents paramètres requis pour bénéficier des prestations sociales (retraite et pension de réversion, minima sociaux). Comment les politiques sociales prennent-elles en compte ou, au contraire, excluent-elles de leur champ d’intervention le veuvage précoce en ne le traitant souvent que comme un épiphénomène de la monoparentalité et/ou de la précarité qui lui est souvent liée.