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Christelle DE MIRAS

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INED De Miras

 

Marché du travail et vie de couple (et plus particulièrement à partir de l’EHF 1999 étude de la population en situation précaire)

 

Dans le cadre de ma thèse, je souhaiterais analyser les interactions qui existent entre le marché du travail et le marché des unions en France.

De nombreuses modélisations de la microéconomie de la famille ont mis en évidence le fait que les offres de travail des conjoints sont le résultat de la maximisation de la fonction d’utilité du couple, c’est-à-dire de la répartition des tâches entre conjoints.

Dans un environnement changeant dans lequel l’institution du couple est en évolution (instabilité croissante depuis quelques décennies), la question du sens de la causalité des situations des individus sur le marchés du travail et sur le marché matrimonial doit être posée. La position de chaque conjoint dans le couple détermine-t-elle l’offre de travail des conjoints (Chiappori (1992)), ou, au contraire, est-ce la situation de chacun sur le marché du travail (stabilité, qualité de l’emploi, capital humain accumulé et anticipé,..) qui va déterminer sa position sur le marché matrimonial et donc, en cas de constitution du couple, le contrat de mariage ?

Cette question mérite d’être approfondie pour les individus en situation précaire, à la fois, sur le marché matrimonial et sur le marché du travail. On constate, en effet, que les personnes les plus soumises à la précarité professionnelle (emplois faiblement rémunérés ou précaires, chômage...) sont, le plus souvent, des familles monoparentales ou des personnes vivant seules. Leur situation défavorable sur le marché du travail les exclut-elle du marché matrimonial (Ekert-Jaffé, Solaz (2000)) ou est-ce leur position sur ce marché matrimonial qui les oblige à occuper le segment secondaire du marché du travail, comprenant des emplois précaires, instables et faiblement rémunérés ? Se trouvant sans conjoint, le couple ne peut pas constituer, pour eux, une assurance contre le chômage qui leur permettrait de s’engager plus longuement dans la recherche d’un " meilleur " emploi.

Mon travail comportera trois parties : l’analyse des interactions entre marché du travail et le marché des unions avant et après la mise en couple, l’étude d’une population se trouvant en situation précaire sur ces deux marchés et l’analyse de la répartition des tâches entre conjoints au sein du couple.

Les données de l’enquête EHF 1999 seront surtout utilisées dans le cadre de la seconde partie :

Afin de mieux traduire les interactions du marché du travail et du marché matrimonial en France, nous ferons une analyse en terme de générations en comparant plus particulièrement, des générations qui ont connu une situation différente sur le marché matrimonial : les femmes nées en 1940-1960, en période de forte natalité (" baby-boom ") et celles nées en 1970-1990, en période de faible natalité (" baby-bust "). Les données utilisées seront celles de l’enquête " Etude de l’Histoire Familiale 1999 ", associée au recensement général de la population de 1999. Compte tenu de la différence d’âge à la mise en couple (2 ans d’écart en France au moment du mariage), les premières vont se trouver confrontées à une " demande matrimoniale " réduite, qui leur est défavorable et les secondes seront confrontées à une demande matrimoniale excédentaire, favorable aux femmes. Je procéderai également à une analyse d’un segment de la population plus particulier : les individus en situation professionnelle précaire qui sont donc à la fois, par définition les plus lésés sur le marché du travail ou, du moins, sur le marché primaire et en même temps, le plus souvent, n’ont pas de conjoint (familles monoparentales,...) et de déterminer dans quelle mesure, l’interaction entre marché du travail et marché du couple, renforce leur précarité ou, à l’inverse, leur permet d’en sortir.