Les Projets de Recherche
Philippe MARTEL (Université de Montpellier III (Rédoc) – CNRS, UMR 5475, Route de Mende, 34090 Montpellier.)
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UMR 5475 |
Responsable : M. Philippe Martel, directeur de recherche au CNRS,
Autres personnes ayant accès aux données : Philippe Gardy, directeur de recherche au CNRS ; Mohammed Mbarki, maître de conférence ; Etienne Hammel, agrégé de géographie, doctorant ; Julie Bour, étudiante en maîtrise ; Florian Pascual, informaticien.
Projet de recherche :
Notre équipe a fait de l'analyse sociolinguistique de la situation de l'occitan un de ses principaux axes de recherche. Notre collègue Philippe Gardy a été associé à la préparation des quelques (rares) sondages effectués dans le Midi sur la pratique de l'occitan (Languedoc-Roussillon 1991 et 1997, Aquitaine 1997). Il a publié, avec Etienne Hammel, sous le titre L'occitan en Languedoc-Roussillon, (Perpignan, El Trabucayre, 1994), une analyse des résulats du sondage Média-Pluriel de 1991. Notre projet de recherche comporte deux axes principaux :
1. L'état actuel de la pratique de l'occitan : l'enquête famille estime à 789 000 le nombre des locuteurs (pratique déclarée) de la langue d'oc. On analysera le profil de ces locuteurs (âge, statut social...) et leur répartition géographique. L’analyse s’effectuera au niveau départemental ; ce qui permettra d'abord d'intégrer les données des départements majoritairement occitanophones de la région Rhône-Alpes (Drôme et Ardèche) et d'autres départements partiellement occitanophones (Charente, Isère...). Mais cela permettra surtout d'analyser de plus près les contrastes internes à chaque région -entre départements les plus urbanisés et les plus ruraux, entre pays de plaines et arrière-pays montagneux, etc...
2. La question de la transmission de la langue. Les résultats bruts (tels qu'ils figurent dans le n° 376 de Population et Sociétés (février 2002), dans le n° 830 d'INSEE Première (même date), et dans l'extrait du futur Atlas des Langues de France dont nous disposons, permettent de constater le décalage entre le nombre de ceux qui ont reçu la langue en héritage familial, le nombre de ceux qui ont conservé cet héritage (et qui donc parlent la langue aujourd'hui) et le nombre enfin de ceux qui la transmettent à leur tour. Les enquêtes languedociennes de 1991 et 1997 montraient que le taux de transmission baissait en fonction des générations. Les résultats de l'enquête famille de 1999 devraient nous permettre d'aller plus loin.
L'enquête INSEE a mis au centre de sa recherche la transmission "naturelle", familiale, des langues régionales ou étrangères. Mais ce n'est pas là le seul mode de transmission ou d'acquisition de ces langues, comme le révèle aisément toute enquête de terrain. L'occitan peut aussi être la langue "choisie" par des locuteurs qui n'y ont pas eu accès dans leur enfance, et qui ne sont pas nécessairement nés dans l'espace occitan, de familles d'origine occitane. L'article de François Clanché (INSEE Première, loc. cit) estime que 20% des locuteurs actuels des langues régionales relèvent de ce cas de figure. Nous souhaiterions donc pouvoir en poursuivre l'analyse. Avec notamment une question, que les données de l'enquête famille permettent de poser : le profil sociologique de ces néo-occitanophones est-il le même que celui des occitanophones qui ont hérité de la langue par transmission familiale? Ou bien a-t-on affaire à deux populations différentes? Par hypothèse : l'occitan hérité se retrouve en millieu rural, et dans les couches les plus âgées de la population, la néo-occitanophonie concerne une population urbaine, plus jeune, plus diplômée. Mais il convient de vérifier cette hypothèse, basée sur des observations purement empiriques.
Enfin la pratique de l’occitan sera resituée dans un paysage plus large incluant les autres langues parlées par des habitants des régions occitanes. Nous intégrons donc cette dimension dans notre projet. Nous allons notamment faire appel aux chercheurs de l'équipe Praxiling, associés à ReDoc dans le cadre de l'UMR 5475, pour mener avec eux une enquête élargie aux autres composantes du paysage linguistique du "Midi". Autour de quelques questions : ce qui survit de la langue d'origine dans les populations issues de l'immigration espagnole, italienne, maghrébine, arménienne... Assiste-t-on, dans les seconde ou troisième générations, à un "retour" à la "langue d'origine", assez analogue à celui que l'on observe chez certains néo-occitanophones? Ou encore : dans quelle mesure, pour les générations les plus anciennement installées dans les régions occitanes l'intégration à la société locale a-t-elle pu passer par l'acquisition de l'occitan?